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Résumé : Internet

Maintenant qu'on connaît Internet, faisons le voyage du petit paquet.

Prélude

Un paquet n'apparait pas subitement du néant, il vient d'une information. Prenons par exemple un concert de Johnny transmis en streaming. L'information est le son, lui-même codé sous une certaine forme, nous avons par exemple le PCM, le MP3 etc. Pour ceux que ca intéresse, vous pouvez étudier les codecs ou déjà les transformées de Fourier. Jusque là ce que sont que des maths et de la physique.

Une fois ces données devenues des nombres, on les code comme des suites d'octets (8 bits, mais c'est historique, pourquoi pas 12 bits ou 18 bits ou même 7 ? mystère), on en fait des groupes de disons 1460 (totalement au hasard) qu'on met dans un paquet.

Ensuite le système ajoute des informations à ce paquet, par exemple un numéro d'ordre, la taille, l'adresse de l'émetteur, ou même des trucs qui ne servent à rien. L'information la plus importante est l'adresse de destination, en IPv4 elle est de la forme 1.2.3.4

Le premier problème est qu'il faut deviner cette adresse, le deuxième problème est que les barbus qui ont inventé ce protocole n'ont pas pensé qu'un jour les gens pourraient ne pas connaître l'adresse IP de la machine avec qui elles communiquent (qui ne connaît pas le numéro de téléphone des ses amis ?).

C'est pourquoi on a dû inventer un autre système qui permet d'obtenir cette information. Il tourne par dessus IP (ouf). Il s'agit du DNS, un annuaire qui permet non seulement de retrouver les adresses des machines depuis un nom lisible, mais aussi qui permet de déménager sans avoir à avertir tout son carnet d'adresse.

Il est bien dommage que ce système n'ait pas été intégré au protocole internet, ça nous aurait évité bien des soucis, mais bon il faut faire avec.

Ça y est, nous avons un paquet, il est rempli avec nos données et toutes les informations nécessaires, comme une enveloppe remplie et timbrée.

Première sortie

Et ensuite ? On dépose l'enveloppe à la poste la plus proche. La plupart des machines connaissent l'adresse de la poste la plus proche (euh non la passerelle) grâce à DHCP, un système mis en place pour diffuser cette information.

Votre machine connaît l'adresse IP de la passerelle, elle utilise alors la seule carte réseau dont elle dispose pour lui envoyer directement le paquet. Si vous êtes chez vous, la poste c'est probablement votre xxxBox. Si vous êtes dans une entreprise, il s'agit d'un routeur caché quelque part derrière un bureau.

Dans le cas d'une yyyBox, elle ne fait qu'une chose, elle envoie le paquet aussi sec vers le seul routeur qu'elle connait, à travers un DSLAM qui se trouve dans un local appartenant à France Telecom au bout de votre ligne téléphonique.

L'autoroute de l'information

Et c'est parti ! Chaque routeur est en fait un centre de tri, il dispose d'un table contenant toutes les adresses du monde (ou presque :-). En effet il est lui-même connecté à d'autres routeurs eux-même connectés à d'autres routeurs etc. Donc il prend l'enveloppe, lit d'adresse et va regarder dans sa table à quel routeur il doit envoyer le paquet. Et hop c'est reparti.

Ainsi mon paquet parti de chez messire Tartempion va passer entre les mains du routeur de son FAI, puis de celui d'un ami de son FAI, puis d'un transitaire qui fait payer cet ami, puis d'un autre routeur ami de mon FAI, puis d'un routeur de mon FAI avant d'arriver chez moi.

Comment ces routeurs peuvent-ils avoir toutes ces informations ? Tout simplement grâce à un protocole nommé BGP. Il permet aux routeurs de s'échanger des messages pour connaître la table de leurs voisins, et donc savoir à qui ils peuvent envoyer des paquets. Les routeurs appartenant souvent à des personnes différentes, le protocole BGP permet d'appliquer une stratégie de décision choisie par le propriétaire. Par exemple "X ne me paie pas bien, essaie d'abord de passer par Y à moins que ce ne soit impossible".

Les propriétaires de ces routeurs s'appellent des AS. Mais un propriétaire donné peut avoir plusieurs routeurs. Ces routeurs communiquent entre eux, mais cette fois sans arrière pensée politique et donc utilisent un protocole différent, comme par exemple OSPF.

L'arrivée

Et enfin le dernier routeur de la chaîne, le facteur va me délivrer le paquet.

Ma machine va ouvrir l'enveloppe et récupérer le contenu du paquet. Elle va aussi tenter de mémoriser quelques informations comme l'adresse de retour, pour au cas où ...

Si ma machine fait tourner un logiciel qui comprend les paquets envoyés par messire Tartempion, alors elle va pouvoir lire le paquet et récupérer les divers nombres qu'il contient, puis hop, mathématiques, physique, Fourier, codecs, on retrouve 1ms de Johnny.

Postlude

Voilà ce qu'on appelle l'autoroute de l'information. Plusieurs choses sont importantes sur cette autoroute.

Tout d'abord il y a généralement un péage qui permet de l'entretenir. C'est votre abonnement à internet. Mais ensuite personne ne vous demande ce que vous transportez, ça peut être du vin ou une lettre d'amour, l'important est uniquement d'arriver à bon port. C'est ce qu'on appelle la neutralité du net. Pas de filtrage, pas de discrimination, peut-être aura-t-on un jour une haute autorité de lute contre les discriminations sur internet !

Ensuite tout le monde doit parler le même format de paquet pour se comprendre. Et ce format n'appartient à personne. Si chacun parlait son propre format, ce ne serait pas internet.

Enfin internet est fait de toutes les machines connectées à internet. Si personne ne se connecte, si personne n'envoie de paquet, internet n'existe pas.

Et l'ipv6 dans tout ca !

Hé bien, c'est justement un autre format de paquet, avec des adresses différentes. C'est donc un autre réseau, on pourrait l'appeler internet 2 ou alternet si ce n'était pas déjà pris. Et c'est pour cette raison qu'IPv6 ne marche pas. Lorsqu'on parle de passer à IPv6, on ne parle pas de mettre à jour un logiciel, mais de se connecter à un nouveau réseau, un autre, différent. Ce sera donc très très long, comme de passer du français à l'espéranto. Comme de passer du téléphone à internet.